Jean-Paul Belmondo, itinéraire d’un acteur adoré
Envie de mieux connaître Jean-Paul Belmondo, dit « Bébel », acteur à la popularité hors du commun ? Prenez dix minutes pour connaître l’essentiel à son sujet, avec la leçon de Mémorable, l’application de culture générale créée par les journalistes du Monde.
Qui est Jean-Paul Belmondo ?
Grande gueule et séducteur, héros à l’apparence de M. Tout-le-Monde capable de réconcilier comédie et film d’action, seul véritable héritier de Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo a, durant près de soixante ans, offert au cinéma français de genre un corps, une trogne et une voix – une présence sans équivalent.
Né en 1933, fils du sculpteur Paul Belmondo, il est admis en 1952 au Conservatoire, qu’il termine cinq ans plus tard, moins apprécié par le jury que par ses camarades de jeu Jean-Pierre Marielle, Claude Rich, Jean Rochefort, Bruno Cremer, Françoise Fabian… Il ne rêve que de théâtre, tout en jouant des seconds rôles au cinéma. C’est par le grand écran que le succès arrive, dans A bout de souffle, de Jean-Luc Godard. Les tournages se multiplient. Il surprend dans Léon Morin, prêtre, de Jean-Pierre Melville, déclame du Audiard avec Gabin dans Un singe en hiver, d’Henri Verneuil, virevolte dans Cartouche et L’Homme de Rio chez Philippe de Broca, retrouve Godard dans Pierrot le Fou. Après La Sirène du Mississipi (1969), de François Truffaut, il délaisse la Nouvelle Vague pour privilégier les productions commerciales qui ont déjà fait de lui « Bébel ». Il devient son propre producteur, associé à René Chateau, puis son propre distributeur. Il tourne avec Claude Zidi (L’Animal), Georges Lautner (Flic ou Voyou, Le Guignolo, Le Professionnel), Gérard Oury (L’As des as), Alain Resnais (Stavisky)… Ses films dépassent systématiquement le million d’entrées, malgré des rapports parfois tendus avec la critique, privée de projections de presse avant la sortie des films. La recette – cascades qu’il réalise lui-même et répliques cinglantes le plus souvent signées Audiard – finit néanmoins par lasser.
Dans les années 1980, il revient au théâtre, son premier amour. Il a une cinquantaine d’années et joue des rôles d'ampleur, dans Kean, de Sartre, d’après Alexandre Dumas, puis Cyrano de Bergerac, tous deux mis en scène par Robert Hossein, avant deux Feydeau, Tailleur pour dames et La Puce à l’oreille, se jouant au Théâtre des Variétés, qu’il a racheté.
Il meurt en septembre 2021, à l’âge de 88 ans. L’actrice Line Renaud souligne avec justesse : « “Bébel” était le héros extraordinaire de la France ordinaire. » Un hommage national lui est rendu aux Invalides. Le Monde termine l’éditorial qu’il lui consacre alors par ces mots : “On sait depuis la fin d’A bout de souffle que cet acteur qui sait si bien mourir est immortel.”
Où est né Jean-Paul Belmondo ?
Jean-Paul Belmondo est né à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, le 9 avril 1933. Il est le fils d’une artiste peintre, Madeleine Rainaud-Richard, et du sculpteur Paul Belmondo, dont il défendra passionnément l’œuvre tout au long de sa vie. Plus amateur de sport (la boxe, qu’il pratique longtemps, et le football) que d’études, l’élève turbulent est attiré par la scène. Il entre au Conservatoire en 1952.
Quels sont les acteurs qui ont joué avec Jean-Paul Belmondo ?
Jean-Paul Belmondo est révélé en 1960 par A bout de souffle, film de Jean-Luc Godard où il partage l’affiche avec l’actrice américaine Jean Seberg. D’autres partenaires féminines ont marqué sa filmographie ou sa vie : Anna Karina, dans Pierrot le Fou et Une femme est une femme, du même Godard, Claudia Cardinale dans plusieurs films, Ursula Andress (Les Tribulations d’un Chinois en Chine), qui deviendra sa compagne, Françoise Dorléac (L’Homme de Rio), Catherine Deneuve (La Sirène du Mississipi)... Dès 1962, Henri Verneuil lui a offert de partager l’affiche avec un monstre sacré du cinéma, Jean Gabin, dans Un singe en hiver, pour un duo réussi qui marque aussi le début de leur amitié. Le patriarche déclare d’ailleurs au réalisateur : « Vous ne me direz plus : “Ah, si j’avais un Gabin jeune ! Eh bien, vous l’avez !” » Le même Verneuil fait tourner Belmondo avec d’autres acteurs emblématiques de la génération précédente, Lino Ventura et Bernard Blier, dans Cent mille dollars au soleil (1964). Et pour Le Cerveau, de Gérard Oury (1969), l’acteur forme un tandem avec le très populaire Bourvil.
Belmondo est rapidement abonné aux premiers rôles, mais ses amis de la bande du Conservatoire jouent volontiers les seconds, tels Jean-Pierre Marielle (Week-end à Zuydcoote, Tendre voyou, Hold-Up), Jean Rochefort (Cartouche), Bruno Cremer (L’Alpagueur). La star apparaît dans huit films avec son rival puis ami Alain Delon, dont Borsalino (1980). Son copain de jeunesse, Charles Gérard, est sans doute l’acteur qui a tourné le plus souvent à ses côtés. Dans Itinéraire d’un enfant gâté, de Claude Lelouch, c’est au tour de « Bébel », monstre sacré vieillissant, de passer le flambeau à Richard Anconina.
Mémorable
Tous les jours, des quiz et des leçons pour développer votre culture générale et votre mémoire.Quel film a permis à Jean-Paul Belmondo d’obtenir le César du meilleur acteur ?
Jean-Paul Belmondo a reçu le César du meilleur acteur en 1989 pour son rôle dans Itinéraire d’un enfant gâté, film mélancolique et singulier de Claude Lelouch sorti en 1988, et dernier grand succès de l’acteur au cinéma. Lors de sa sélection pour cette récompense créée en 1976, il avait pourtant annoncé qu’il la refuserait si elle lui était accordée et appelé les votants à reporter leurs voix sur les autres acteurs nommés. Il n’est pas venu la chercher.
Bien des années plus tard, en 2017, Jean-Paul Belmondo a accepté de se voir décerner un César d’honneur et ses pairs l’ont longuement applaudi lors de la cérémonie.
Pourquoi Belmondo a-t-il refusé un César ?
Jean-Paul Belmondo, qui faisait partie des acteurs nommés pour le César du meilleur acteur en 1989, a déclaré dans un communiqué : « Je pense que le public est le seul jury qui puisse nous accorder des distinctions, car nous n’existons que par lui et que pour lui et je me suis toujours efforcé de recueillir ses suffrages. L’unique prix décerné par une académie que j’aurais aimé obtenir, c’est celui du Conservatoire, je crois qu’il est maintenant un peu tard. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les lauréats des Césars et je demande à mes amis professionnels de reporter sur les autres nommés les voix qu’ils pourraient me destiner. » Les votants sont néanmoins passés outre et lui ont décerné le prix. Jean-Paul Belmondo n’est pas venu à la cérémonie ; c’est le créateur des Césars, Georges Cravenne, qui a réceptionné celui qui avait été attribué à l’acteur, déclarant le tenir à sa disposition. Selon Georges Cravenne et Bertrand Tessier, auteur de Belmondo. L’incorrigible, ce refus s’explique aussi par le fait que le père de l’acteur, le sculpteur Paul Belmondo, détestait César. Jean-Paul Belmondo récuse cette explication, tout en estimant que César n’était pas un sculpteur.
Quand Jean-Paul Belmondo est-il mort ?
Jean-Paul Belmondo est mort le 6 septembre 2021, à l’âge de 88 ans, à son domicile à Paris, a annoncé sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse par son avocat.
De quoi Jean-Paul Belmondo est-il mort ?
« Il était très fatigué depuis quelque temps. Il s’est éteint tranquillement », précisait le communiqué publié par la famille de Jean-Paul Belmondo à sa mort. L’acteur avait été victime d’un accident vasculaire cérébral en 2001, qui l’a éloigné longtemps des plateaux de tournage.
Où Jean-Paul Belmondo est-il enterré ?
L’acteur a été incinéré au crématorium du Père-Lachaise, le 10 septembre 2021, à l’issue d’une messe à l'église Saint-Germain-des-Prés, dans le 6e arrondissement de la capitale. Selon de nombreuses sources, ses cendres ont ensuite été déposées au cimetière du Montparnasse, à Paris, dans la tombe de son père, le sculpteur Paul Belmondo, dont il a défendu la mémoire et l’œuvre tout au long de sa vie. La veille, le 9 septembre, un hommage national a été rendu à l’acteur aux Invalides et une oraison funèbre prononcée par Emmanuel Macron. Exceptionnellement, les Invalides ont été ouverts au public dans la soirée, comme cela avait été le cas pour l’ancien président Jacques Chirac.
Le nom de Jean-Paul Belmondo n’a pas été ajouté sur la tombe de son père. Une feuille protégée d’un plastique y indique désormais : « Jean-Paul Belmondo n’est pas inhumé ici. Veuillez respecter ce lieu et ne rien y déposer. »