Joséphine Baker, une Américaine à Paris
Envie de mieux connaître Joséphine Baker ? Prenez dix minutes pour connaître l’essentiel à son sujet, avec la leçon de Mémorable, l’application de culture générale créée par les journalistes du Monde.
Qui est Joséphine Baker ?
Née dans le Missouri, aux Etats-Unis, en 1906, Joséphine Baker, de son véritable nom Freda Josephine McDonald, commence une carrière de danseuse en décrochant de menus contrats ici et là. Repérée sur une scène à Broadway par Caroline Dudley, une familière de l'ambassade américaine à Paris qui monte un nouveau spectacle dans la Ville Lumière, la jeune femme d’à peine 19 ans se voit proposer d’intégrer La Revue nègre au Théâtre des Champs-Elysées. Le succès est immédiat. En 1925, au coeur des Années folles, l’artiste fascine autant qu’elle scandalise par ses danses frénétiques et sa quasi-nudité. Après la dernière représentation, la troupe retourne aux Etats-Unis. Joséphine reste en Europe. Elle a conquis Paris, et Paris l'a conquise.
Celle que l’on surnomme désormais la "Vénus noire" devient, en 1926, meneuse de revue aux Folies-Bergère et au Casino de Paris, fief de Mistinguett, la pionnière du genre. De revues en tours de chant – en anglais et en français –, de ceintures de bananes en costumes somptueux, Joséphine Baker entre dans la légende. Sous l’égide de son manageur et amant,Giuseppe Abatino, dit "Pepito", la danseuse s'initie également au cinéma dans des films aux titres évocateurs comme Princesse Tam-Tam (1935).
Américaine de naissance, naturalisée française en 1937, après son mariage avec Jean Lion, Joséphine Baker interprète ses plus grands succès dans la langue de Molière. D’abord, La Petite Tonkinoise, une reprise d’un titre de Polin, composé par Vincent Scotto. Celui-ci créera pour elle J’ai deux amours, sa chanson fétiche. La danseuse inspirera d’autres artistes, dont Paul Colin, révélé par son affiche pour La Revue nègre, ou Alexander Calder qui lui consacre plusieurs sculptures en fil de fer.
Une guerre passée au service du contre-espionnage français lui vaut toutes les décorations (Légion d’honneur, croix de guerre avec palmes) et la fortifie dans son désir de combattre le racisme. Après la guerre, en tournée aux Etats-Unis, elle impose un public mixte lors de ses spectacles et milite aux côtés de Martin Luther King.
Au faîte de sa gloire, Joséphine Baker décide, en 1956, de mettre un terme à sa carrière parisienne et s'installe dans son château des Milandes, en Dordogne. Ne pouvant enfanter, elle adopte, avec son dernier mari, Jo Bouillon, douze enfants de tous horizons, sa "tribu arc-en-ciel" comme elle la nomme, l’incarnation de son idéal de "fraternité universelle".
Pour que l’expérience soit complète, elle inaugure un parc d’attractions (avec hôtel, guinguette, terrains de sport, salle de spectacle etc.) dans son domaine périgourdin. Jusqu’à ce que le rêve vire au cauchemar. Son “Village du monde” est déficitaire malgré ses tentatives pour le renflouer en remontant sur scène et les soutiens médiatiques de personnalités comme Brigitte Bardot. Joséphine Baker est finalement expulsée des Milandes.
Elle meurt en 1975, à 68 ans, après une ultime revue à Bobino. Après des funérailles à la Madeleine, à Paris, la légende du music-hall est inhumée dans le cimetière de la principauté de Monaco.
Le 30 novembre 2021, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, l'ancienne meneuse de revue, héroïne de la Résistance et militante antiraciste entre au Panthéon, devenant la première artiste et la première femme noire à voir ainsi sa mémoire honorée.
Pourquoi Joséphine Baker est-elle importante ?
Américaine de naissance, Joséphine Baker (1906-1975) est une artiste de music-hall qui a marqué le répertoire de la chanson française avec des titres comme J’ai deux amours et La Petite Tonkinoise. Durant la seconde guerre mondiale, la meneuse de revue des Folies-Bergère - où elle a fait sensation vêtue d’une ceinture de bananes - et du Casino de Paris, naturalisée française en 1937, s’engage auprès des services du contre-espionnage de son pays d’adoption, ce qui lui vaudra moults décorations.
Après-guerre, elle mène un combat contre le racisme, notamment lors de ses tournées dans l’Amérique ségrégationniste. Son humanisme s’incarne tout entier dans sa “tribu arc-en-ciel” comme elle l’appelle, ces douze enfants issus des quatre coins de la planète qu’elle adopte et élève dans son château des Milandes en Dordogne, domaine de “la fraternité universelle”, avant que des problèmes d’ordre financier ne mettent fin à l’entreprise périgourdine.
C’est en sa qualité d’artiste de music-hall, figure de la Résistance et militante antiraciste que Joséphine Baker l’humaniste est entrée au Panthéon le 30 novembre 2021, la première femme noire à intégrer la nécropole parisienne.
Mémorable
Tous les jours, des quiz et des leçons pour développer votre culture générale et votre mémoire.Pourquoi Joséphine Baker a-t-elle été ruinée ?
Le château des Milandes, en Dordogne, où Joséphine Baker et son mari Jo Bouillon ont installé en 1949, un parc d'attractions - avec guinguette, terrains de sport, un music-hall et même un hôtel - est un gouffre financier, en dépit de sa fréquentation. La meneuse de revue tente en vain de combler le déficit d’exploitation en multipliant les tournées. Malgré une forte mobilisation pour sauver son "Village du monde", fief de sa "tribu arc-en-ciel" - douze enfants d’origines différentes, symboles de la "fraternité universelle"-, la vente aux enchères de la propriété périgourdine, en 1968, est inévitable. Elle signe la fin d’un rêve.
De quoi est morte Joséphine Baker ?
Alors qu’elle est de retour sur scène et fait un triomphe à Bobino, Joséphine Baker meurt à 68 ans, le 12 avril 1975, des suites d’une hémorragie cérébrale.
Où Joséphine Baker est-elle enterrée ?
A l’initiative du président Macron, Joséphine Baker, qui avait été inhumée dans le cimetière de la principauté de Monaco au moment de sa mort en avril 1975, entre au Panthéon le 30 novembre 2021. Elle est la 81e personnalité et la 6e femme à intégrer ce temple de la République, après Sophie Berthelot, Marie Curie, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Simone Veil. Mais l'ancienne meneuse de revue, héroïne de la Résistance et militante antiraciste est la première artiste et la première femme noire à voir ainsi sa mémoire honorée. A la demande de la famille, la dépouille de Joséphine Baker n’a pas quitté le caveau monégasque.
En quelle année Joséphine Baker a-t-elle chanté “Je ne veux pas travailler” ?
Joséphine Baker n’a jamais chanté “Je ne veux pas travailler”. Il s’agit d’une “sympathique” (son vrai titre) chanson de 1997 à l’accent indéfinissable rappelant étrangement la légende du music-hall. Le morceau, inspiré d’un poème d’Apollinaire et popularisé par une publicité pour une marque de voiture, est créé et interprété par le groupe américain Pink Martini, lauréat, en 2000, de la victoire de la musique en tant que révélation de l'année.